A marche forcée (1956)
A pied du Cercle polaire à l'Himalaya
Editions Phébus / d'ailleurs
Slavomir Rawicz n'est pas un écrivain connu et pour cause : il n'a
à son actif que ce seul ouvrage. D'ailleurs rien ne le prédestinait
à écrire; il se serait bien volontiers contenté de son
métier d'électricien. Pourtant, l'Histoire allait bouleverser
sa vie et lui faire traverser des épreuves que peu d'entre nous réussirions
à affronter. Il nous fait partager son expérience à travers
ce livre.
A marche forcée est le récit d'un voyage d'un genre particulier.
L'auteur raconte tout d'abord son séjour dans les griffes du NKVD
(la police secrète Russe). Militaire Polonais, il fut arrêté
par les Russe en novembre 1939 puis accusé d'espionnage (cela aurait
dû lui être fatal). Après un jugement inepte, on le conduit
en Sibérie en compagnie de cinq mille autres prisonniers. Cet homme mû
par un solide désir de survivre réussira à trouver une
faille dans le système carcéral sibérien. Il entraînera
avec lui quelques camarades sur le long chemin de la liberté. Ces compagnons
de route furent choisis pour leurs qualités humaines. L'un d'entre eux
fut même retenu pour son sens de l'humour inaltérable, qualité
toujours utile en cas de coup dur.
L'intérêt du récit ne réside pas dans la qualité
de sa prose mais dans son contenu. Les aventures que nous raconte S.R. sont
tout bonnement incroyables. La résistance acharnée de cet homme
force l'admiration. La mémoire exceptionnelle de Rawicz permet de retracer
l'épopée avec de nombreux détails. S'il décrit
ses ennemis sans complaisance, il n'oublie pas d'évoquer les rencontres
avec de nombreux bienfaiteurs qui ont sans doute rendu la survie possible. Le
froid, la chaleur et la faim furent des adversaires redoutables. Le petit groupe
de fugitif n'eut qu'une seule arme pour les vaincre: la détermination.