As tu déjà remarqué, vieille branche,
les bienfaits de la pluie ?
L’autre jour, j’en avais assez de laisser
enfler ma peine entre quatre murs, alors je suis sorti. Il faisait noir.
l’orage grondait, tout proche. J’ai laissé mes deux pieds me conduire
au hasard vers un lieu hospitalier. Je me suis retrouvé dans un des
parcs de la ville, celui où la nature conserve ses droits,
où les arbres poussent dans une joyeuse anarchie et où la
main de l’homme se fait discrète. Il n’y avait personne, la nuit
trônait et la pluie se renforçait de minute en minute. J’ai
déambulé au gré des allées, croisant des arbres
séculaires, longeant la ligne horizontale du plan d’eau. L’eau glissait
aussi verticalement, il pleuvait à flots. Dans ce contexte si favorable,
des larmes se sont mises à couler sur mes joues. Incognito. L’eau
du ciel a tout lavé. Les éclairs ont désintégré
toute la tension.
Je suis rentré dans la lumière étrange
des nuits citadines. Tout luisait, tout gouttait. J’ai rejoint mes murs,
me suis séché. La sérénité était
redevenue mienne.
Alors, vieille branche, si la vie te dessèche,
ne loupe pas l’averse et profites en pour lessiver ton cœur.